L’OMC, catalyseur ou frein à l’insertion des PMA ?
L’ONU a proposé en 1971 un nouveau terme pour désigner les pays les moins développés de la planète : les Pays les Moins Avancés (PMA). Trois critères rentrent en compte : le revenu par habitant, le retard dans le développement humain et la vulnérabilité économique. Ces pays s’insèrent dans la mondialisation en vendant leurs matières premières ou leurs produits agricoles et en achetant des produits manufacturés. La majorité de ces pays, 48 au total, se situe en Afrique.
Conscient de la marginalisation de ces pays dans les échanges mondiaux, l’OMC, depuis 2001 et le cycle de Doha pour le développement, tentent de faciliter leur insertion mondiale via l’agriculture, l’épine dorsale de leur économie. A titre d’exemple, le PNB du Mali provient à 40% du secteur primaire qui emploie près de 80% de la population active. Le projet, qui portait majoritairement sur la libéralisation des échanges et l’accès aux marchés des pays développés pour les produits agricoles, s’est soldé par un échec : les parties n’arrivaient pas à s’accorder. Lors de la Dixième Ministérielle de l’OMC, en 2015, une nouvelle série de six mesures, plus connue sous le nom de « Paquet Nairobi », à destination des PMA a été adoptée. La mesure phare est la mise en place d’un mécanisme de sauvegarde spécial autorisant les PMA à augmenter temporairement leur tarif pour faire face à des poussées des importations ou à des baisses des prix. Pour rappel, L’OMC incite les pays développés à s’approvisionner dans les PMA en essayant de fixer des quotas d’importation.
Toutefois, bien que l’OMC tente de mettre en place, sur le papier, un commerce plus juste pour les PMA, la réalité est différente. Le retrait progressif des barrières douanières s’accompagne d’un effet pervers puisque la demande de produits de meilleure qualité augmente. Or avec une agriculture traditionnelle, les PMA peuvent difficilement rivaliser avec les géants de l’industrie agroalimentaire, qui utilisent les terres des PMA pour cultiver les produits dont ils ont besoin, faute de place dans leur pays d’origine. En 2009, l’Arabie Saoudite a ainsi approché la Tanzanie pour louer 500 000 hectares dans le but d’y cultiver du riz et du blé, lui permettant de posséder 2,82 millions d’hectares de terres arables à l’étranger. De facto, le mécanisme de sauvegarde spécial est à double tranchant. D’un côté, il peut générer des revenus utiles au développement du PIB mais, d’un autre côté, cela peut entraîner une sur-marginalisation du fait que les PMA ne parviendront pas à respecter les critères demandés par les acheteurs – pays développés, multinationales – qui se tourneront vers d’autres fournisseurs, avec une meilleure qualité et des prix plus faibles.
L’autre facteur pouvant expliquer la faible insertion des PMA dans le commerce mondial est la quantité de produits vendus. Cela s’explique tout d’abord par la croissance des populations de ces pays, il faut nourrir plus de monde avec autant de ressources, mais également par le manque de technologie. Les PMA n’ont par ailleurs pas accès aux intrants (OGM), du fait de leur coût élevé, ce qui limite leur productivité et donc les ressources disponibles pour les échanges. Nous sommes donc dans un cercle vicieux en défaveur de ces pays.